L’histoire du Bagne des Annamites

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Le camp de la Crique Anguille, plus communément appelé bagne des Annamites (car les prisonniers étaient principalement originaires de l’Annam – nom du territoire formant aujourd’hui le Viêt Nam), est un bagne français situé sur la commune de Montsinéry-Tonnegrande en Guyane.

Il a été construit en 1931 par des prisonniers de droit commun, puis en 1932 par des condamnés politiques indochinois déportés en Guyane.
Il avait la particularité d’être à la fois un établissement pénitentiaire spécial (EPS) et le centre administratif de l’une des circonscriptions du territoire de l’Inini.
Il fut fermé en 1945.

Le saviez-vous ?

Le territoire Annam se situe dans le centre de l’actuel Viêt Nam. En novembre 1925, la France par l’intermédiaire de son Gouverneur, ôte à l’empereur d’Annam tous pouvoirs relevant du domaine judiciaire et administratif. La région s’embrase et de nombreux mouvements nationalistes voient le jour. Au même moment, l’Etat français crée le territoire de l’Inini qui s’étend sur toute la Guyane exceptée sa bande côtière. L’espace doit être « valorisé ».

Pour le Gouverneur de l’Indochine, l’occasion est trop belle. En juin 1931, la France met en place sur ce territoire trois EPS (Etablissements pénitentiaire spéciaux) destinés aux Indochinois : le camp de la Crique Anguille, celui de la Forestière sur le Maroni et enfin Saut Tigre sur la Sinnamary. Plus de 500 condamnés de droits communs issus des prisons d’Hanoï mais aussi du bagne indochinois de Poulo Condore rejoignent le territoire guyanais, deux cents seront envoyés à Crique Anguille.
Débarqué sur ce site de 34 hectares, chaque bagnard reçoit une trousse : un chapeau, une couverture, une paire de chaussures et deux serviettes de toilettes ainsi qu’une gamelle, une cuillère et une dose hebdomadaire de savon. Chaque jour, on distribue une ration aux prisonniers : 700 g de riz, 200 g de viande sèche, du sel, du thé et du nuoc-mâm. Les conditions de vie sont exécrables (maladies, problèmes d’hygiènes, sévérité des matons…)

En mars 1939, un décret du Journal officiel stipule que « tous les indigènes condamnés aux travaux forcés par les juridictions de l’Indochine et transportés dans le territoire de l’Inini ou en Guyane, qu’ils soient en cours de peine ou qu’ils soient libérés, n’ont plus d’obligation de résidence temporaire ».

Près de 80 libérés asiatiques rejoignent alors l’Indochine par bateau. Les camps de Saut Tigre et Crique Anguille continueront à fonctionner jusqu’en 1945, date de leur fermeture. Certains condamnés iront peupler le Village chinois (plus communément appelé « Chicago » ou la crique) de Cayenne, les autres rejoindront leur pays d’origine entre 1954 et 1963.

Le site était à l’abandon depuis plusieurs années mais les guyanais avaient pris pour habitude de s’aventurer au milieu de la végétation luxuriante. Après une bonne heure de marche sur un chemin boueux, on atteignait les premières ruines. Et lorsque l’on continuait jusqu’au bout du layon, on découvre la rivière Tonnegrande. On pouvait s’y baigner, même s’il fallait se méfier des éventuelles raies.

Depuis, le Conservatoire du Littoral a fait l’acquisition du site en 2012 et comme pour les vestiges des îles du Salut, c’est également l’association CHAM qui s’occupe de la réhabilitation des ruines. Initialement le chantier devait durer d’octobre 2014 à janvier 2015.
La restauration du site et les aménagements prévus permettront une meilleure compréhension de l’histoire de ces lieux et serviront de support à l’éducation au patrimoine guyanais et à la découverte du milieu naturel.

Je n’ai pas trouvé d’informations concernant la réouverture du site au public.

Fier d’être Guyanais et vous ?!

PS : je dédie cet article à mon grand-père qui faisait parti des prisonniers indochinois.
grandpa

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DiscussionUn commentaire

  1. Pascal LE PHAT TAN

    Bonjour,

    Votre dédicace à votre grand-père m’a ému. Y a-t-il en Guyane une association de Vietnamiens ou une association de descendants de bagnards vietnamiens ? Je souhaiterai entrer en contact pour écrire leurs histoires. Je suis président de l’Association des Viêtnamiens du Val de Marne et je souhaiterai faire mieux connaitre ce passé.

    Dans l’attente d’une prompte réponse,

    Cordialement

    Pascal Lê Phat Tân
    plephattan@gmail.com
    +33 6 86 95 39 07

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