Le mercredi 1er juin 2016 a eu lieu un séminaire à l’Assemblée Nationale : « Les mangroves, une chance pour nos territoires ». Ce séminaire a rassemblé des experts en la matière qui ont pu mettre en exergue l’importance de cet écosystème aux particularités si singulières et encore trop peu connues du grand public. Il y avait également les acteurs territoriaux des régions concernées.
Chantal BERTHELOT, Député de la Guyane et Vice-Présidente de la délégation aux Outre-mer a ouvert le débat en rappelant quelques chiffres : avec ses 70 000 ha (soit dix fois Paris) la mangrove de Guyane représente 60% des mangroves françaises.
Le saviez-vous ?
On distingue deux types de mangroves, la mangrove côtière et la mangrove d’estuaire. La mangrove côtière est dominée par deux espèces : le palétuvier gris (Laguncularia racemosa), espèce pionnière par excellence, et surtout le palétuvier blanc (Avicennia germinans) qui forme des ensembles pratiquement monospécifiques. La mangrove d’estuaire est dominée par les palétuviers rouges.
Comparé au reste du Monde, notre « petit » bout de forêt amphibie se porte plutôt bien mais il reste encore des dispositifs à mettre en place qui permettraient une meilleure surveillance et un meilleur entretien (il y a quand même eu une perte significative de 30% des mangroves ses 40 dernières années).
La mangrove a certes mauvaise réputation et est simplement associée la plupart du temps à la vase et aux moustiques ou encore aux odeurs nauséabondes. Mais Hélène SIRDER, Vice Présidente de la Collectivité Territoriale de la Guyane (CTG) et Présidente Parc Naturel Régional de la Guyane (PNRG), nous rappelle avec raison qu’au-delà de ces quelques points négatifs, les bienfaits de la mangrove sont bien plus importants :
- Stabilisation du littoral (dans une problématique climatique où la montée des eaux est inévitable, la mangrove permettrait de diminuer la propagation de l’eau dans l’intérieur des terres)
- Garant de la biodiversité (une grande partie des poissons côtiers y passent une partie de leur cycle de croissance et d’autres y résident à vie)
- Source pour des études dans le domaine pharmaceutique
- Stockage de carbone qui permet de réduire l’effet de serre (une étude récente a même démontré que les mangroves d’estuaire en stockaient deux fois plus que les mangroves côtières)
- Fourniture de ressources alimentaires (crabes, autres mollusques … et plus inattendu : le miel dont on a déjà pu vous parler avec la miellerie de Macouria)
On y apprend d’ailleurs que Patrick LECANTE, Maire de Montsinéry-Tonnégrande et également président du Comité de Bassin relancera l’ostréiculture guyanaise. Les huîtres d’eau douce de Guyane se retrouveront peut être sur les tables étoilées.
Les bienfaits de la mangrove représentent véritablement un enjeu écologique et économique (70% des espèces de poissons côtiers dépendent de la mangrove … en prenant en compte cette interdépendance, on compte des retombées économiques de 20 700 000€/an). Il faut impérativement que les instances locales s’emparent du sujet intelligemment dans une concertation collective et un pilotage commun.
Pascal GOMBAULD, Directeur général des services PNRG, lui interviendra pour préciser que notre mangrove regorge encore d’espèces inconnues (vous pourrez découvrir quelques trésors de notre faune et de notre flore ici).
Et qu’ils travaillent en étroite collaboration avec le Groupement de recherche Littoral de Guyane sous influence amazonienne (GDR LiGA).
Le débat sera clôturé par la Secrétaire d’Etat de l’environnement de l’énergie et de la mer : Barbara POMPILI.
On notera la présence de Gabriel SERVILLE (Député de la 1ère circonscription de la Guyane et Maire de Matoury), Claude SUZANON (Président du Parc amazonien de Guyane) ainsi que Lénaïck ADAM (chargé des relations avec les étudiants de Métropole et de la mise en place d’une antenne de la CTG à Paris).
Ce séminaire a été le résultat du travail de nombreux organismes notamment : le Conservatoire du Littoral, la CTG (co-organisatrice de l’événement), le Pôle relais Mangroves et zones humides d’Outre-Mer, l’Office Nationale de l’Eau et Milieux Aquatiques (ONEMA), Initiative Française pour les REcifs CORaliens (IFRECOR).
D’autres ateliers sont déjà planifiés afin de poursuivre l’effort commun pour protéger et valoriser cet écosystème fragile : en 2017, un séminaire aura lieu sur la vase guyanaise qui est l’une des argiles les plus fines.
– Fier d’être Guyanais et vous ?!
Ecrit par : Anjie Say