Ruud Daddy, l’évolution d’un artiste pays

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Fier d’être Guyanais : Pourriez-vous vous présenter pour les lecteurs de F.E.G.

Bonjour lecteurs de F.E.G, je suis Jean-Paul Malac né le 28.11.77 à Cayenne et je suis auteur compositeur et interprète de Reggae Dancehall.

F.E.G. : Quel est votre nom d’artiste ? Et expliquez-nous l’origine de ce nom d’artiste ?

Mon nom d’artiste est RUUD DADDY. Je l’ai choisi en hommage à un joueur de football des années 90 : Ruud Gullit de l’équipe de Hollande, qui était l’un des premiers joueurs noirs évoluant en Europe avec des locks et très célèbre car très bon joueur. Et le Daddy est un terme utilisé par les premiers toasters jamaïcains (comme Daddy Freddy).

F.E.G. : Avez-vous signé sur un label ?

Non , j’ai crée mon label qui se nomme YANA SUNRISE chargé de la production et de la promotion de mes titres.

F.E.G. : Pourriez-vous nous expliquer vos débuts, ce qui vous a mené à la musique en quelques mots ?

J’ai commencé dans les années 80 par écouter du reggae grâce à mes grands frères puis je suis tombé dans la marmitte raggamuffin et rap avec mon cousin Staun. À force de chanter et d’écouter ces  nouveaux types de musique, nous nous sommes mis à créer nos propres titres.


F.E.G. : Est-ce que le fait d’avoir un membre de votre famille (votre cousin Staun) dans la musique vous a influencé ?

Oui , Staun a toujours été le stimulant qui permet mon émulation positive. Nous étions tellement proches que je connaissais ses titres et lui les miens donc c’était vraiment un échange très constructif d’énergies positives.

F.E.G. : D’où vous vient l’inspiration ?

Mon inspiration vient du monde qui m’entoure de mes discussions et de mes expériences positives comme négatives.

F.E.G. : En 2012, le morceau « Inestimable » aborde un sujet sensible : le suicide. Pourquoi avoir fait ce choix ?

 En 2012, le suicide c’était déjà une question d’actualité en Guyane et 10 ans après en 2022 ça l’est toujours. Nous avions raison d’aborder ce sujet à l’époque sous l’angle de la valorisation de l’individu et non du désespoir. Car le titre parle d’espoir et de confiance en soi, d’objectifs et de réussite sociales. J’espère toujours aider nos jeunes à lutter contre leurs maux aux travers de cette chanson qui leur explique juste qu’ils ne doivent pas céder au désespoir car ils ont en eux tout ce qu’ils ont besoin  pour réussir.

F.E.G. : Est-ce que vous écrivez vos chansons ?

J’ai écrit l’intégralité de mon répertoire.

F.E.G. : Au début de votre carrière, vous chantiez principalement en français et depuis quelques années, toutes vos compositions sont en créole. Pourquoi ce changement ?

Au début de ma carrière j’ai voulu donner à ma musique une portée nationale afin que mes messages parlent à beaucoup plus de personnes.  Mais depuis quelques années, j’ai fait le choix de travailler sur le créole afin de parler aux Guyanais et de mettre en avant ma culture et ma fierté d’être guyanais qui s’exprime mieux lorsque j’utilise ma langue maternelle.


F.E.G. : Est-ce que vous composez vos chansons ? Si non, avec quels compositeurs/beat maker avez-vous travaillé ?

Alors j’ai travaillé avec beaucoup de beat makers : Reverse, idk, Dreamah, Serco, Serial , Pyroman Thierry mais aussi avec des musiciens. Je commence à composer certains titres à la guitare.

F.E.G. : Quels sont vos influences musicales ?

Mes influences sont diverses et variées, jaime la musique avec un grand M donc j’écoute énormément de reggae et de dancehall mais aussi du rap, du rnb, du zouk, du compas, de la musique traditionnelle guyanaise ou d’ailleurs.

F.E.G. : Vous jouez d’un instrument ?

Je joue à la guitare.

F.E.G. : Quelles sont vos collaborations (autres chanteurs ou producteurs …)/ scènes/ podiums/ festival les plus significatifs selon vous ?

J’ai eu le plaisir de collaborer avec Régine Lapassion sur le titre To konsyans, ce fut une très belle expérience car Régine est une grande professionnelle dont la réputation en tant que chanteuse dépasse largement les frontières de la Guyane. Donc j’ai énormément appris en la côtoyant pendant cette expérience.

Ensuite au niveau des festival le ONE LOVE Festival organisé part Florent Malouda en 2011 m’a permis de grandir musicalement car c’était mon premier festival avec des artistes internationaux.

Et enfin le Cayenne Reggae Festival 2014 du regretté KIKO a été pour moi celui de la confirmation car je confirmais que j’étais un artiste important de la scène reggae dancehall guyanaise.

F.E.G. : Est-ce qu’une nouvelle association comme « SAS PRODUCTIONS » serait bénéfique pour la musique locale ?

Les associations sont toujours bénéfiques pour la société surtout celles qui aident les artistes à se professionnaliser, mais peut-être qu’il est temps que des entreprises aussi se créent avec ce type d’objectif.

F.E.G. : Que pensez- vous de la nouvelle vague de rappeur/chanteur guyanais ?

Je suis admiratif de leur travail à tous sans exception : Jahyanaï, Bamby Poplane, Ken Vibz , Zt Elsinky, Lion P, Katarina, Golden B, Daz, F2N, Jah Sodjah, Hattone, … Chacun à leur niveau, ils poussent les limites que nous avions cru infranchissables à mes débuts dans les années 90 donc je trouve ça tres inspirant. Je suis fier d’avoir compté parmis ceux qui ont permis leur émergence, par mon travail et celui des pionniers de la discipline.

F.E.G. : Est-ce que tu fier d’avoir la reconnaissance de tes pairs (Nomination au Lindor 2019 pour la chanson « Lapli météyorit » ?

Oui, je suis fier de la reconnaissance de toutes les personnes qui croient en mes valeurs et en ce que ma musique représente pour eux. Les lindors est une institution musicale. C’est un bonus, la cerise sur le gâteau mais ce qui compte vraiment c’est que les grands frères tels que black wood, Inini, Universal youth se reconnaissent dans mes messages et soient fiers que je continue à perpétuer l’héritage qu’ils m’ont transmis.

F.E.G. : Racontez-nous un moment marquant de votre carrière

Ils sont nombreux mais dernièrement j’ai fêté les 10 ans de mon album Sous le soleil de Yana et le concert a été un moment très fort de connexion avec mon public à un moment très difficile dans ma vie ( la perte de mon père). J’ai reçu énormément d’amour et ça restera un moment important pour moi.

F.E.G. : Quels sont vos projets pour 2022 ET 2023 ? 

Mes projets sont multiples car je suis un hyper actif de la musique (mdr). J’ai prévu un nouvel album et un  maxi single de 5 titres  acoustiques. Bien sûr avec des clips et des concerts.

 

Fier d’être Guyanais et vous ?

par Anjie Say

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